Clue de la Peine-FROID NOIR ( chronique d'un arrière monde)

Lorsque l’on a trop souvent écouté la Face A du disque que l’on adore, il arrive un jour où l’on ne peut plus entendre ne serait ce que le refrain.

On profite aujourd’hui d’un sentiment de lassitude envers notre paysage familier pour aller en écouter la face B.

Pour cela il faut d’abord faire une bonne heure de route afin de rejoindre la vallée de l’Asse que l’on devine pourtant proche derrière la barre des Dourbes.

La géographie étant ainsi faite, ceci explique en partie la non communication entre des vallées pourtant si proches à vol de corbeau.

La haute vallée de l’Asse qui nous intéresse est plongée ce matin dans un brouillard humide qui dévoile les rondeurs encore blanches de la montagne de Tournon.

Passé Clumanc, et son château aux fenêtres vides détruit par les Allemands en représailles aux maquis des résistants, on passe le pont de l’Asse avec ce dicton affiché : (Fou qui la passe).

On ne saura dire aujourd’hui si il faut être fou pour s’aventurer plus loin.

Sous le soleil revenu et avec la neige fine qui fond l’endroit est plutôt agréable et l’on découvre la face cachée des sommets qui nous sont familiers, on croise un homme heureux avec un petit air hagard qui sort promener le chien, un vieux monsieur à moustache qui prend le soleil et une jeune femme sur un tracteur qui transporte une grosse balle de paille.



Mais personne ne parle au promeneur étranger.

On part alors, résigné, sur un chemin de goudron vers la clue de la Peine en passant d’abord par une grosse ferme à moitié rénovée, déserte, où la porte d’entrée est ornée de menuiseries délicates et d’un panneau décoré de fleurs où est inscrit le nom du lieu : La Peine.

Les fleurs sont là peut être pour adoucir le nom de ce hameau et monastère (détruit) qui appartint à la famille du philosophe Dignois Gassendi.

Plus haut entre deux lames de roches qui brillent au soleil on passe dans un tunnel où s’engouffre un air glacial.

Il permettait avant l’invention de l’automobile de joindre Colmars par les montagnes et d’économiser un grand nombre de kilomètres.

Un passage naturel entre le haut et le bas pays, autrefois très fréquenté.

Les travaux ont débuté en 1874, achevés en 1879, pour un prix de 5272 Frs et 61 centimes de l’époque.

Il n’est utilisé aujourd’hui que par les marcheurs et les bergers qui font pâturer leurs troupeaux sous la montagne du Cheval Blanc.

Aujourd’hui sur les pentes chargées de neige fraiche c’est le grand remue ménage de printemps.

Avalanches qui purgent la montagne.

Dans les champs plus bas c’est le déclin de l’hiver, neige sans consistance, terre brune dans la quelle on s’enfonce, chants d’oiseaux, murmure des ruisseaux, bébés mouflons qui trottent derrière leur mère.

La face B ruisselle de tout les côtés.

Lundi 25 Mars 2013.