Cague Renard-FROID NOIR ( chronique d'un arrière monde)

L’homme grommelle contre le vent qui emporte son parapluie, contre la pluie qui tombe sur sa valise et son manteau.

Il pourrait râler sur tout en fait.

Son regard est empreint d’une lueur de folie qui guette souvent l’homme solitaire en ces terres.

Il vient de descendre du bus à la gare SNCF de Digne par ce jour gris.

Il ne pouvait arriver en train, les rails sont depuis belle lurette envahit d’arbustes et d’herbes hautes enfouissant dans l’oubli les espoirs d’une desserte par train de la ville préfecture.

C’est une spécialité locale, on trouve dans la vallée de l’Ubaye des tunnels ferroviaires qui n’ont jamais vu de rails ni de locomotives.

A Digne il existe donc une gare SNCF pour le tortillard des Pignes qui va à Nice.

Il est par contre impossible de prendre un train vers le sud où vers le nord.

Sauf à partir en bus, en voiture, et à pied.

A pied on s’en va voir la ville depuis les hauteurs pour comprendre le mot « enclavement ».

Coincée entre trois cours d’eau et autant de grosses montagnes.

On a grimpé vers les points de vue possibles dans un vent du sud tempétueux et une pluie capricieuse.

Le Cousson par les oreilles d’âne.

La redescente par le quartier du Pigeonnier.

Une remontée en contre champ par le chemin de Cague-renard.

Les animaux ont la part belle dans cette ville prise au piège de sa géologie.

Il y a certes des trouées, des passages, des sentiers pour s’échapper d’ici, mais cela se fait dans la lenteur d’une route trop étroite, trop souvent accidentogène.

Le problème des déplacements n’ayant pas évolué depuis un certain temps.

Au départ du sentier, en plein centre ville, on peut lire sur un mur « ici c’est chez nous «.

A l’arrivée de la piste qui débouche plus au nord dans la cité du Pigeonnier il est gravé sur un platane, inscription boursouflée par le temps qui passe : « anti facho «.

Et se pose ainsi le problème de l’intrus.

Mardi 05 mars 2013.