Près des habitations qui longent la route de Draix, les vaches sortent la tête de leur mangeoire, sorte de guillotine alimentaire, et sont imperturbables malgré la neige qui recouvre leur nourriture.
Un tracteur est à l’abri dans une grange.
Un autre joue à racler le goudron dans les virages plus haut.
Dans les maisons qui fument, l’homme est certainement cloîtré et regarde le gris par les fenêtres en maugréant.
On est dehors une fois de plus pour écouter le silence du flocon sur la piste forestière des Fraches.
Il y a certes une vigilance orange mais elle semble être en vigueur pour appliquer le principe de précaution en ce jour de chassé croisé de vacanciers sur les routes.
L’homme est ainsi fait.
Il s’alarme au moindre changement.
En plaine la circulation se fait au ralenti, les voitures avec des skis sur le toit roulent comme sur des œufs.
On les imagine un instant se retourner et poursuivre leur route en glissant.
Peu importe car ils ne font que passer sans s’arrêter.
Pour l’instant on marche sur une piste qui offre une belle couche de poudre.
Puis sans transition, après une belle grimpée, sur des terres noires exposées au sud et qui se recouvrent d’une pellicule grise, cendre froide et humide.
Linceul éphémère.
Ce n’est pas un paysage attrayant, les bois sont gris, balafrés par les pistes sous ces drôles de sommets arrondis perdus dans ce lavis aquarelle.
Le paysage d’habitude ouvert sur les vallées semble s’être refermé sur lui même.
Il y a comme une jubilation à se retrouver dans ce lieu improbable par cette météo pourrie dirons certaines.
Un comportement qui suscite pour ceux qui restent à l’intérieur une interrogation permanente : savoir ce que l’on vient y chercher.
Plénitude ? Peur ? Panique ? Risque ?
La question reste à ce jour sans réponse.
Mais ce que l’on sent c’est l’approche inexorable de la fin de cet interminable hiver.
Samedi 23 février 2013.