A Saume-Longe même les hommes et les animaux ont déserté le hameau pour l’hiver.
Il faut dire que par un jour comme aujourd’hui le lieu est des plus anxiogène.
Il y a d’abord cette neige qui tombe fort et sans répit depuis le début de la matinée.
Puis le vent qui pousse toute cette matière n’importe où et n’importe comment, transformant la montagne en un linceul ourlé.
Et pour finir le bruit sourd des parois qui se purgent, bien plus haut dans le massif.
Un gros bruit qui n’incite pas à trainer sous les barres rocheuses qui lâchent, elles aussi de temps en temps, une cargaison de neige propre à engloutir le randonneur imprudent.
Saume-Longe est désert.
On est debout juste en face à boire le vent.
Recouvert de neige.
Et on écoute l’instinct qui nous incite à faire demi-tour.
On ne pourra y mettre les pieds aujourd’hui.
Des pieds trop occupés à trouver le bon chemin, comme on le fit plus tôt avec les pneus de la voiture, laissant notre trace dans la piste vierge de toute circulation.
Le cœur battant à chaque glissade rapprochant de la rivière en contrebas.
Il fallait malgré tout monter en cet endroit, d’abord parce que ce lieu fût le début de cette histoire.
Devant la beauté du site à l’automne on s’était promis d’y remonter l’hiver, si possible par gros temps.
Juste pour sentir l’ambiance.
Comprendre dans quoi vécurent les gens il y a peu.
Aujourd’hui on ne fût pas déçu.
Mais voilà, il existe des situations qui si elles apportent une plénitude dans la marche, peuvent aussi générer de la peur et en ce jour de vigilance orange, on n’est pas très rassuré de se trouver seul ici.
Sans forcément être en danger.
On comprend alors l’abandon du hameau par les quelques âmes solitaires qui ont décidé de passer le plus dur de la saison dans la vallée plus bas.
On redescend dans le léger bruit de la grosse couche poudreuse qui a rapidement recouvert les traces de l’aller.
Trois sangliers grognent lorsqu’on les dérange dans leur quête de nourriture.
Finalement il reste quand même les animaux.
Lundi 11 février 2013.
