L'Emporte-FROID NOIR ( chronique d'un arrière monde)

Au détour de la piste quand on quitte l’ombre froide et sombre, on aperçoit furtivement la queue, puis la moitié de la bête grise au pelage râpé qui s’évapore comme dans un rêve trop rapide.

Ce n’est pas un renard, il est bien trop haut, ce n’est pas non plus un chien, il ne se serait pas enfui.

Alors devant le silence du lieu, le soleil pâle d’hiver et la fuite silencieuse de l’animal on se dit qu’il ne peut s’agir que d’un loup.

On monte sur un caillou et on tourne la tête dans tous les sens, se repassant le film rapide de l’apparition.

Pourtant il n’y a plus rien qui bouge, même les arbres restent immobiles, comme nous.

Le corps soudain est parcouru d’un étrange frisson.

On repense alors aux témoignages de bergers que l’on a recueilli l’an passé, la peur panique du troupeau lors de l’attaque nocturne, la peur panique de l’homme devant la bête surprise les crocs dans la viande.

Alors on reste un peu mais rien ne se passe.

Alors on comprend aussi cette peur ancestrale du loup.

Et viennent en écho les conseils des chasseurs de ne point s’aventurer seul sur les territoires des meutes.

La fabrique d’image aujourd’hui ne fût pas assez rapide et les mots sont là pour suppléer au manque.

A moins que l’envie de voir la malebête n’ait créé le mirage ?

On en doute, de l’endroit où l’on est posté on peut voir la rivière au bord de la route de Draix, l’endroit même où fût photographié au printemps un canis lupus en train de se désaltérer.

Aujourd’hui on a longtemps marché sur le tour de l’Emporte par une belle journée froide et ensoleillée.

Lundi 2 décembre 2012.