En bas de la piste il neige dru mais la neige sort d’un tuyau en faisant du bruit.
Cet après midi de fin Novembre, un mois jour pour jour après l’hiver en Octobre, les préparatifs vont bon train pour rendre opérationnelles les pistes de ski.
“Alors y’avait de neige en haut ?“ me demande l’homme qui démarrait ce matin sa dameuse avec une batterie.
On répond que oui, une couche honorable sur la crête, durcie par le gel et le vent qui souffle fort.
D’ailleurs on n’est pas monté jusqu’à Tête Grosse comme prévu.
“C’est pas un jour à grimper, quand le vent souffle en bas c’est que sur la crête ça y va fort, pour la neige c’est parfait ça fera une bonne sous-couche pour les pistes“.
IL fait – 1 degrés, et les canons à neige ont été actionnés pour fabriquer cette fameuse sous couche glacée qui ne tombe plus naturellement sur le bas des pistes et qui fera artificiellement durer le plaisir des skieurs : avec un peu de chance jusqu’à la mi-mars, en espérant que les redoux devenus habituels ne viennent pas modifier cet équilibre fragile et couteux.
En haut de la piste et donc sur la crête il a neigé fort ces derniers jours, de la vrai neige tombée du ciel et qui délimite ,vu du sommet, une sorte de géographie de la chaleur.
On peut ainsi voir aisément les endroits à partir desquels la vie se passe en dessous de zéro.
D’année en année cette limite est repoussée de plus en plus haut.
Vers 2000 m d’altitude les arbres sont congelés comme des sapins de Noël, les congères s’accumulent sur les barrières coupe-vent, les deux gros poteaux de télécommunications ressemblent à des panneaux de basket géants.
Plus loin sur le plateau austère balayé par le vent on trouve une plaque de verre recouverte de glace qui rend hommage au maquis du Négron durant la seconde guerre mondiale, lorsque la montagne servit de lieu de résistance face à l’invasion ennemie.
Pour l’heure on a profité de l’espace presque vierge avec la primeur de la trace, avant que tout ne soit damé et surpeuplé.
Juste au moment où l’hiver prend sa place quand tout s’installe doucement.
Ce jeudi tout est calme, dans l’immeuble style années 70 qui barre l’horizon au bas des pistes, une dame solitaire, sentinelle du hors saison, passe son aspirateur dans le salon de son petit studio.
Jeudi 29 Novembre 2012.