Le Carton-FROID NOIR ( chronique d'un arrière monde)

“Il pleuvait gros comme le poing dimanche sur les crêtes vers 3000m, alors toute l’eau a déboulé depuis le bassin versant et a emporté le remblai du pont vers minuit“.

Pour l’instant c’est le camion qui transporte le Caterpillar qui est coincé en angle droit sur la mini placette de Prads, arrachant au passage des branches d’arbre, menaçant les balcons.

C’est l’animation matinale et on prend son mal en patience.



On se risque d’ailleurs à poser une question vers l’homme en jaune : “ ils ont pas repéré avant ?“



“Bien sûr que non, et la prochaine fois ils feront pareil“ lance t’il fataliste.

La tronçonneuse termine le travail de taille sur l’arbre fraîchement arraché après le passage en force du convoi.

Tout en haut de la piste on se gare à Tercier et on trace assez vite vers la cabane du col de la Baisse.

Le sol est gelé mais exempt de neige.

On a cru à tort la semaine passée que l’hiver arrivait en Octobre.

La cabane est ouverte, sur une chaise en formica bleu un livre de la collection Arlequin, Au Soleil de Minuit.

A midi le soleil est absent, on comptait sur un ciel dégagé pour voir depuis le sommet de la montagne du Carton son homologue du Cheval Blanc mais il faudra revenir malgré un long moment passé à patienter dans le froid car les nuages mêlées de brume et de neige roulée ont décidé de laisser le rideau baissé.

Sur les pentes à l’ubac on rencontre l’enfant abandonné par sa mère et qui revient sous forme d’un fantôme de neige, fantôme imaginaire et qui demain ne sera plus, absorbé par le sol, étouffé par les dernières herbes piétinées par les troupeaux de moutons.

Au village le pont cassé suscite toujours autant d’attention.

“C’est que ça va couter des sous cette histoire “ rigole le maire sous son chapeau.

“Bon le temps se rafraichit, il neigera là haut, c’est toujours en Novembre qu’on est embêté par la rivière“.

Vendredi, si tout va bien, le hameau de la Favière ne sera plus isolé.

Mardi 6 Novembre 2012.