On est parti sur la foi de renseignements précis.
“Tu pars de La Serre et tu grimpes vers la cabane de Chabananja, mais tu n’y vas pas, tu prends la crête du Gadun et là, après des tas d’os, il y a une lauze avec dessous une tanière qui sent fort et qui ressemble à une tanière de loup“.
Il n’en faut pas plus pour se motiver.
Sauf qu’après une montée dominicale où la fraicheur se mélange à la chaleur du corps on se retrouve tout transpirant de froid devant une multitude de cailloux qui pourraient abriter une meute entière de loups, de renards et de mammouths si ceux–ci vivaient encore.
Les os sont bien là, blanchis par le gel et le soleil.
Mais point de tanière qui pue.
Devant l’adversité on se dit que tout ceci ne fut qu’un prétexte pour venir découvrir cette partie de rocher ignorée durant l’hiver même si quelques portions furent explorées, un peu comme on goûte un gâteau en se disant qu’on reviendra manger le reste le lendemain, quand il aura fini de sécher.
Justement ce jour est propice à la cuisson, il règne une chaleur que l’on ne sent pas vraiment mais que l’on contemple lorsqu’elle rougit les parties exposées de ce corps qui s’épuise à grimper vers le pas des Eaux Grosses car la même source d’information nous a signalé un chamois mort qui excite notre curiosité.
Les motivations du promeneur peuvent être multiples et surprenantes.
Arrivé sur zone, 2250 m d’altitude.
Ciel chargé de nuages en formes d’étranges créatures.
Massif de l’Estrop sec comme un fromage de chèvre.
Absence de tout chamois mort.
Par contre on observe avec curiosité un morceau de cairon sur la pelouse, incongru à cette hauteur.
On imagine mal le promeneur amenant ce morceau de ciment inutile en ces lieux.
Le mystère restera entier et c’est tant mieux.
Mieux vaut ne pas expliquer l’irrationnel.
Tout comme la disparition du chamois mort, certainement déplacé pour finir le repas par un convive qui ne nous a pas attendu.
Au retour à défaut de la tanière du loup on découvrira un nid d’oiseau caché sous une pierre avec 4 œufs que la mère vient d’abandonner en piaillant.
Le soleil et l’herbe font de jolies rayures sur les œufs.
Les oisillons à leur naissance apprécieront la vue dégagée sur la vallée.
Dimanche 8 juillet 2012.