Crête de Geruen-FROID NOIR ( chronique d'un arrière monde)

Le sentier de Thierry part sur la piste après le col de Fontbelle (1330m).

Il suit le GR6 qui va nous emmener sur la crête de Geruen, vers 1880 m d’altitude.

Thierry est certainement mort, il y a peu d’information sur cette personne, sauf ce panneau laconique et cette phrase “Parce que ce lieu tu as aimé, aujourd’hui nous le parcourons en ton honneur “.

Rien de tel pour se remonter le moral, comme si les stèles de bord de route n’étaient pas déjà en nombre suffisant pour nous rappeler la mort au tournant.

On évacue cette pensée comme on chasse les mouches qui vrombissent déjà malgré la fraicheur d’après la pluie. On grimpe un sentier qui sans encombre et à l’ombre nous amène directement au collet sans nom.

On passe ainsi subitement du territoire de la société de chasse de Thoard à celui d’Authon (La bécasse), de la lavande d’altitude à l’edelweiss, de l’ombre au brouillard qui s’évade par l’échancrure des crêtes, et du cri non identifié et glaçant d’une bête sauvage au bruit de la tronçonneuse dans la vallée, certainement l’homme rencontré tantôt et qui parlait avec des mots qui sortaient en désordre de sa bouche.

On suit le chemin de crête jusqu’au sommet embrumé avec une croix et une coquille st jacques posée comme un ex voto, souvenir de la mer qui recouvrit ce pays il y a plusieurs millions d’années.

Le sol est aussi doux, herbeux et fort peu pentu en face nord qu’il est abrupt, caillouteux, résineux en face sud. On pourrait si l’on était plusieurs tenter une jolie partie de ballon, le cairn et sa croix cassée seraient les poteaux de but, les chardons bleu notre public.

Il faudrait alors faire attention et dans notre enthousiasme ne point oublier la falaise qui plonge brutalement vers la vallée de Thoard 500 m plus bas.

Au risque de devenir aussi compagnon de Thierry, avec notre panneau personnel en début de randonnée.

Mardi 3 Juillet 2012.