Sommet de la Grisonnière-FROID NOIR ( chronique d'un arrière monde)

Le panneau sur la route du Col de Mariaud (1170 m) indique un circuit pour observer la flore sauvage.

On part d’un pied léger, d’abord parce que l’on a changé de chaussures et mis celles d’été, les rouges qui font passer le froid.

Ensuite parce que l’idée de regarder de jolies fleurs en écoutant les vaches n’est pas une mauvaise chose en soi.

Au bout de 100 m de dénivelé la chose se complique : une horde de mouches vient littéralement se coller sur toutes les parties suintantes de notre corps.

Elles sont partout, dans le cou, le trou des oreilles, jusqu’au bout du sexe lorsqu’on s’octroie une pause pipi dans la pente.

Le déjeuner doit être bon car plus on transpire en grimpant, plus il en vient.

Il faut dire que le promeneur ruisselant en ce matinal lundi est plutôt rare.

On fait contre mauvaise fortune bon cœur et on se concentre sur la marche en tirant tout droit.

On oublie les lacets, la flore, l’esprit tendu par ce bourdonnement incessant et ces chatouillis permanents.

Le salut vient d’un col venteux, les mouches en sont au dessert, entre les doigts et contre le bracelet de la montre. Le petit air va sécher la fin du repas et faire fuir les bestioles.

Mais c’est sans compter sur la raideur de la pente qui paraît toujours facile depuis le bas.

L’espace qui entoure la montagne joue le rôle d’un aimant avec le vide pour réceptacle.

Une peur panique se profile et nous tétanise alors on repense aux mouches.

En haut il n’y en aura pas, en bas elles attendent.

Le choix est vite fait et le sommet est atteint (2010 m) sans se poser de questions.

Il y a une croix avec les initiales D+F et un étrange drapeau couvert d’insectes ailés.

En haut on se dit qu’il va falloir redescendre, chose à laquelle on n’avait pas pensé en fait.

Cette descente ne posera pas de problèmes, les mouches sont allées faire la sieste et on peut observer les choses ignorées lors de la montée.

Un champignon blanc géant.

Des fleurs minuscules et colorées dont il faudra rechercher les noms.

Un arbre foudroyé avec les éclats du tronc sur le sol.

Une stèle posée à l’abri sous un frêne en l’honneur de Mr Édouard Cottier (mort en 2010).

On veut changer aussi de chaussettes sur la fin du parcours.

Passer sur de plus fines.

Erreur fatale.

Le pied va brûler jusqu’à l’arrivée.

L’été vient d’avaler la montagne.

Le thermomètre indique 31 degrés.

Lundi 18 Juin 2012.