Col Bas-FROID NOIR ( chronique d'un arrière monde)

Le thermomètre affiche 9 degrés.

Les semaines se suivent et ne veulent pas se ressembler.

On laisse la voiture vers 1900 m, ayant décidé de se rapprocher du Col Bas afin d’éviter la marche d’approche énergivore.

Il faut dire que l’on a une revanche à prendre sur ce Col qui même si il est considéré comme Bas n’en est pas moins haut placé.

Cet hiver on n’a fait que l’apercevoir au loin, les yeux brouillés par la transpiration, la volonté arrêtée à mi-pente.

Il n’y eu aucune honte dans le renoncement.

Aujourd’hui tout est différent, la piste sèche s’ouvre au milieu des mélèzes bourgeonnants et tordus. On chemine le long des dernières congères et le Col Bas se présente aussitôt.

Tout semble simple lorsque le pied chemine sur un terrain stable.

Au col le plateau s’étale avec pour horizon les montagnes de l’Ubaye. Les champs de neige dégoulinent, les lacs dégèlent au goutte à goutte, le pas s’enfonce dans une sorte de tourbe détrempée et couverte de fines crottes de moutons.

On ne regrette pas d’avoir oublié de ranger les guêtres.

On passe le vallon de Provence, puis on pénètre dans celui du Loup pour ensuite grimper sur la crête et marcher dans le vent jusqu’aux installations des télé sièges de la station de ski voisine.

On y trouve la cabane des pisteurs, confortable et ouverte à 2300m.

Aux murs de vieilles photos cornées de groupes de skieurs conviviaux qui côtoient un poster de nymphettes quelque peu dénudées.

La station cette année a sauvé sa saison grâce à ce domaine d’altitude, mais pour combien de temps encore ?

Le recul annoncé des périodes d’enneigement va porter dans les années à venir un sérieux coup d’arrêt à l’industrie du loisir de moyenne montagne.

Surtout pour ceux qui n’auront pas anticipé ces changements climatiques.

Pour l’instant on rejoint le Lac Noir, enfoncé à mi-cuisse dans cette grosse neige tardive qui ce printemps ne s’est pas embarrassé pour tomber après la fermeture des stations de ski.

Une marmotte siffle, un paquet de chips rouge s’envole.

Au détour d’un sentier on trouve les emballages plastiques du repas hivernal d’un skieur, couverts compris.

Les restes indestructibles de l’industrie du loisir.

MARDI 15 MAI 2012.