Barre des Dourbes-FROID NOIR ( chronique d'un arrière monde)

Le thermomètre a grimpé jusqu’à 30 degrés.

En montant tardivement sur la barre des Dourbes on se dit pour occuper la montée que l’on préférait marcher par une température plutôt fraiche, il y a de gros avantages à cela.

Mais on est subitement passé de l’hiver à l’été.

Un courant d’air chaud venu du Maroc il paraît.

En se garant on croise un couple de Hollandais (citoyens Néerlandais n’ayant aucun rapport avec notre nouveau président) qui cherchent la «méwzon feurestièwe».

On leur indique sans les tromper le chemin en sens inverse.

Puis on continue en effrayant un chevreuil caché qui s’enfuit en se vautrant dans une clôture.

Le bestiau semble être tombé de l’arbre et on le regarde allongé, avec des yeux de poisson étonné qui vient de sortir de l’eau.

Une cabriole plus tard tout est redevenu normal.

On entend le bruit d’un coucou, le vent dans les jeunes pousses vert tendre de hêtre, le soleil qui commence à faire ressortir des odeurs fortes de la nature en éveil.

Après avoir atteint péniblement le pas de Labaud, on continue en longeant la barre sans vraiment s’approcher, on a beau aimer la hauteur on ressent toujours un vertige suicidaire à l’approche du vide.

En milieu de parcours on retrouve notre couple Hollandais qui a fini par déplier la carte IGN toute neuve. On esquisse un petit sourire poli, et on leur passe devant pour la descente par le chemin sous la barre, au milieu des stigmates hivernaux de chutes de plaque à vent qui ont abimé les arbres, arbres jouant leur rôle de pare-avalanche naturel.

On est en fait pressé de rentrer, alors on coupe dans la pente, la première grosse chaleur ayant quelque peu anesthésié le corps et le regard puis rendu le paysage absent comme absorbé par une brume opaque.

Sur le chemin on remarque les faux piverts de métal accrochés aux poteaux téléphoniques et on se souvient de notre frayeur il y a peu avec SF découvrant ces silhouettes agressives et inattendues.

« L’enfant raconte qu’à minuit l’oiseau se décroche et s’envole vers son maitre, un cadavre tout décharné dans le cimetière des morts. »

Dans le champ un épouvantail tient compagnie aux piverts.

En se désaltérant à l’église on est dépassé par les Hollandais qui nous saluent audacieusement.

Ils vont s’arrêter plus loin pour photographier l’ensemble de leur parcours.

A défaut d’une tête de mouflon empaillée sur la cheminée, le marcheur aime toujours ramener une image en trophée.

vendredi 11 mai 2012.