Le ciel ce matin est bas, gris, humide et froid.
La pluie toute la nuit a battu la toiture.
Pour être honnête on n’est pas vraiment motivé pour sortir.
Mais vers 7 heures la vision d’une webcam montagnarde au paysage très hivernal nous pousse à préparer un frugal déjeuner.
Direction la vallée de la Haute Bléone.
Les toits des voitures qui descendent sont blancs, la radio entame un débat sur la France raciste.
On se gare vers Prads (Sarkozy 55 voix LePen 55 voix premier tour) en repensant à la discussion d’hier avec l’ami Léon de Chicoutimi qui nous montrait son paysage Nord Québécois, où il tombait des Peaux de Lièvres en quantité.
Fort à propos un lièvre sort du sentier et détale dans la neige fraiche tombée dans la nuit.
On grimpe le sentier en passant devant une bétonnière décorée en mappemonde où est inscrit “ et pourtant elle tourne “.
Certes elle tourne la terre, un peu à l’envers, sur la tête aussi des fois.
On aurait préféré toutes ces neiges en hiver, bien plus utiles que ces chutes tardives qui font l’ouverture des journaux télévisés.
Mais ne faisons pas la fine bouche et grimpons.
Vers 1400 m on trouve un grill pour poissons pendu à un arbre.
Plus haut un lombric égaré qui se déplace au ralenti sur la neige.
Puis une belle forêt comme sur les jolies cartes postales d’hiver sauf qu’on est bientôt en Mai.
Et pour finir une grimpette raide comme un chemin de pénitence d’où on risque de se rompre le cou en redescendant plus vite que prévu.
Rendu sur la piste à 1800 m on peut marcher à notre guise et contempler entre deux couloirs d’avalanche la vallée brouillardeuse.
Aujourd’hui il n’y avait pas de but, juste celui d’être dehors avec les pieds dans ce qui semble être la dernière neige de la saison.
Il tombe de petits flocons serrés.
Dans 4 jours il fera 25 degrés et le paysage éphémère sera oublié.
L’hiver aura rendu les armes.
Hier le corps d’un randonneur porté disparu depuis 2010 a été retrouvé dans un endroit escarpé du Verdon.
Enfin ce qu'il en reste
Mardi 24 avril 2012.
