Bois de Faillefeu-FROID NOIR ( chronique d'un arrière monde)

Promenons nous dans le bois de Faillefeu.

On laisse le hameau de Tercier où l’on croise des gens qui semblent se réveiller de l’hiver, debout au soleil devant leur maison comme les marmottes sur le pas de leur terrier.

Une piste en contre-jour part vers la montagne.

Elle fût il y a longtemps un chemin de passage très fréquenté entre la France et l’Italie.

On traverse un gué sur un pont de bois glissant qui nous conduit sur le site de l’ancienne abbaye Chalaisienne de Faillefeu, détruite depuis le 16 ème siècle.

Remplacée par de mignonnes maisonnettes construites avec les pierres de la défunte abbaye plus l’énergie de quelques passionnés du lieu et d’une rotation d’hélicoptère pour le transport des matériaux.

Il doit sans aucun doute être agréable de vivre ici en été.

On y trouve caché près du ruisseau une douche rudimentaire alimentée par d’ingénieux tuyaux qui se prennent pour des lianes de la jungle dans les branches des sapins.

De Faillefeu on s’enfonce dans un bois noir impénétrable, enfin pas pour tout le monde.

Restent les stigmates d’une récente coupe sombre qui va nous accompagner jusqu’à mi-pente de la montagne de Boules que nous ne rejoindrons pas, les coulées de neige nous indiquant les limites géographiques et physiques à ne pas franchir.

Le bois a toujours été exploité dans cette forêt, il était transporté vers Prads avec des bœufs et transporté ensuite par les rivières jusqu’au Rhône.

Tout autour n’est que bruit d’oiseaux, murmure de l’eau et crissement des pas dans la neige profonde de cet ubac venteux.

Les pensées vagabondent comme les nuages qui voilent le soleil et lâchent quelques flocons histoire de ne point laisser trop de champ libre au printemps.

Endroits isolés, loin de tout mais si proche.

Un chevreuil détale dans le bois impénétrable.

Mardi 18 avril 2012.