Le Clot de Bouc-FROID NOIR ( chronique d'un arrière monde)

On se gare au Fanget, vers 1500 m à la limite entre le printemps et l’hiver.

La montagne continue de jouer aux dames, avec le noir qui verdit en plaine et toujours cette limite blanche au cordeau, où les blancs cette fois ci vont jouer en surnombre au vu de la quantité de neige tombée ces jours –ci.

A proximité de la (modeste) station de ski de fond (à vendre et fermée) est installé un petit potager entouré de noms de coureurs cyclistes écrits sur des petits panneaux de bois.

On se dit en chaussant ses guêtres qu’il doit s’agir d’un potager bio vu que ces coureurs de légende, Charly Gaul, Fausto Coppi, ont souvent pédalé à l’eau claire (sic), quand le dopage n’avait pas (petit) pignon sur route comme dans la dernière décennie.

Point de Plants Virenque, de Potager Armstrong ou de Chou Fleur Ulrich.

D’ailleurs le panneau Place Marco Pantani a été discrètement relégué à l’arrière du bâtiment.

Grimpons donc aujourd’hui, à l’eau claire et au café / banane.

Les premiers pas sont plaisants dans cette neige encore craquante du léger froid de la nuit.

Puis ça se complique entre l’épaisseur de la neige humide et sa consistance molle qui nous fait s’enfoncer jusqu’au genou.

La montée vers le Clot de Bouc sera pénible.

On se fixe en point de mire chaque sapin pour progresser et rejoindre une crête qui s’annonce plus praticable.

On suit pour cela les traces des animaux qui eux savent par où passer pour économiser leurs forces.

Au sommet (1962m) gratin de pâtes jambon café et génépi réparateur.

La redescente est collante.

Les températures étant de saison, tout reprend son rythme.

La neige fond, les marmottes sifflent, les cailloux noirs reviennent dans le paysage.

Vers l’arrivée passage devant un chalet en ruine où vivaient deux sœurs qui abritèrent et sauvèrent douze petits enfants juifs lors de la dernière guerre mondiale.

Hier est mort Raymond Aubrac.

Jeudi 12 avril 2012.