Montagne des Têtes, Montagne des Bêtes-FROID NOIR ( chronique d'un arrière monde)

La montagne dégouline de sa matière.

Les roches tombent sur la piste, la boue qui tient les roches l’accompagne.

L’eau ne sait plus par où se frayer un chemin.

Alors elle suinte par les cailloux qui sont encore accrochés et serpente entre ceux qui sont tombés.

Et ça rajoute de la boue.

Pourtant vers 2200 m la neige résiste, en une limite tracée au cordeau.

Blanc en dessus.

Marron brûlé en dessous.

Une marque de bronzage hors saison.

Dernières petites chutes éphémères avant fermeture.

On s’est installé vers 2000 m sur une arête de la crête des têtes.

Regard circulaire vers les lieux du passé.

Ce matin on s’est garé à proximité d’un panneau qui indique Montagne avec une flèche.

On a suivi la flèche en faisant un détour par le vallon qui s’appelle « l’enfer » et qui portait bien son nom.

Raide brutal, moussu à souhait, des arbres recouverts de lichens, un brouillard léchant le sol recouvert de grêlons.

Pour observer un névé gris sale qui fondait en faisant du bruit.

Puis on est monté doucement pour s’asseoir sur cette crête en limite de la pente et du ciel.

On s’est dit en regardant ses chaussures sales que le panneau de départ résumait assez bien cette histoire photographique.

Suivre une flèche et trouver la Montagne.

Redevenir contemplatif mais rester vigilant sur la sauvegarde de ces endroits.

En redescendant la pluie qui commence à tomber tâche les cailloux qui ressemblent aux 101 Dalmatiens.

Vendredi 7 avril 2012.