C’est la fin de l’hiver.
Alors on décide d’aller patauger dans la neige molle pour admirer les paysages désertiques qui ne font envie à personne.
Direction le Blayeul : 2182 m.
On se gare vers Boullard et on commence à marcher.
Fini les gants, les triples couches isolantes.
Puisqu’on vous dit que l’hiver semble fini.
Il a été fulgurant, vif, un froid noir et excessif comme un amour puissant qui serait parti en claquant la porte, laissant derrière lui un grand courant d’air chaud.
Mais revenons à nos moutons.
Moutons nombreux dans les prés, sous forme de beaux restes, crânes, mâchoires, colonne vertébrale, petits os blanchis par le soleil et fragilisés par le gel.
Des offrandes au dieu Loup invisible.
La montée se fait par la piste en longeant les congères de neige défaillante qui résistent et dégoulinent.
Montée sans fin.
L’arrivée au sommet se révèle lentement, comme l’enfant qui hésite à approcher du sapin de Noël.
But ultime, s’asseoir, regarder, en silence.
Pour contempler le manteau neigeux.
La montagne est en sous vêtements.
La peau est grise, rude et sèche.
Comme celle d’un animal mort.
La pelisse, cette année, était d’un tissu qui s’est usé très vite.
Pour conclure cette ascension on rendra un hommage au cinéaste Luc Moullet.
En pensant à cette scène de dispute à la fin du film de “ La terre de la Folie “, tournée au sommet du Blayeul, l’épicentre de cette terre.
D’ailleurs en regardant bien et en ce qui nous concerne il est possible de voir depuis le sommet (presque) TOUS les lieux décrits précédemment.
Après la folie, l’épicentre de la sueur.
Lundi 12 Mars 2012.