Aujourd’hui on va essayer d’imaginer un monde sans chasse neige.
Un monde où l’on ne mettrait pas de sel sur la route, éventuellement du gravier, et encore.
Un monde où les routes seraient blanches et se déneigeraient toutes seules, à force de passage et d’attaque du soleil.
Un monde où un chasse neige ne mettrait pas des tas de neige sale un peu partout sur les bas côtés.
Un monde où les déplacements seraient plus lents, aléatoires, choisis, donc moins nombreux.
Où finalement tout le monde y trouverait son compte.
Ce monde bien sûr n’existe pas.
A la moindre chute de neige on racle, on sale, on gravillonne, on tasse, on évacue.
Le goudron doit rester goudron.
Langue noire au milieu du paysage.
Tout doit disparaître.
C’est la période du blanc, la période des soldes.
Se déplacer, à tout prix.
Il existe encore quelques cols isolés où l’homme laisse faire, comme le col du Corobin, habituellement non déneigé de novembre à mars.
Mais aujourd’hui on trouve des traces en montant.
On dira presque en s’excusant qu’il y a eu une urgence.
Pendant l’hiver la route disparaît et se confond avec le paysage.
En revenant vers La Clappe, au pied du col, un petit panneau indique que Napoléon est passé par là.
Il y a longtemps.
Il commanda une omelette car il faisait faim sur cette longue route qui le ramenait à Paris.
Il s’étonna du prix et demanda si les œufs étaient rares au pays.
Ce à quoi l’aubergiste répondit : “ce ne sont pas les œufs qui sont rares ici, ce sont les empereurs “.
Mardi 7 février 2012.