Bois de la Mélaie-FROID NOIR ( chronique d'un arrière monde)

Lorsque l’on veut se rendre à Chanolles on sait très bien que l’on n’y va pas pour son extraordinaire lumière qui va égayer sa journée.

Non en temps normal, c’est à dire en hiver lorsqu’il ne pleut pas et ne neige pas, le soleil n’illumine ce village qu’une petite heure par jour.

Aujourd’hui justement il vient de tomber une petite poudre, la couleur dominante est le gris, la température froide, le lieu encaissé, tout ce qui fait fonction de repoussoir se trouve concentré en ce seul endroit.

Mais alors pourquoi y aller ?

Pour les vestiges de cet avion U.S qui s’écrasa sur le Cheval Blanc un 30 janvier comme aujourd’hui mais en 1948 et fit 22 victimes ?

Non bien sûr, le reste de l’hélice tordue se confondrait presque avec le générateur électrique et la batterie de poubelles bien alignées en fond.

Pour ce petit bateau échoué à 191 km de la mer ?



Non plus, continuons la route et surtout quittons là pour s’enfoncer par un sentier raide et neigeux vers le bois de la Mélaie.

Nous dérangeons un sanglier, assez belle bête d’ailleurs, un survivant de la saison de chasse qui nous montre son arrière train et détale pour s’enfoncer dans la forêt avec une puissance que nous envions.

Non nous venons à Chanolles parce que ce lieu inquiète et fascine, parce qu’on y croise rarement des gens, parce que bien sûr il serait hors de question d’habiter un endroit pareil même si une expérience solitaire nous tente, un lieu où il faut lever la tête pour voir le ciel, un lieu qui donne le frisson, un avant goût de la tombe.

Une sorte de terminus que l’on peut quitter rapidement.

Lundi 30 janvier 2012