Les traverses Hautes-FROID NOIR ( chronique d'un arrière monde)

Ce matin le temps est d’une incertaine douceur, le ciel bas nous conseille de ne point se promener.

La lecture de la presse avec l’histoire de ce garçon qui vient de s’arracher un œil puis de le manger nous incite à aller respirer dans la forêt.

D’autant que nous avons une magnifique paire de chaussure à inaugurer.

Départ depuis St Pierre en suivant la rivière et la trace d’huile d’un carter fendu.

Cette agonie automobile nous accompagne jusqu’à mi-chemin.

Nous passons devant des résidences secondaires restaurées et fermées puis des vestiges du maquis de Traverse, lorsqu’il fallut résister à l’envahisseur.

En ce siècle plus de la moitié des habitations du département sont résidences secondaires utilisées un mois sur douze.

Une forme moderne de l’occupation si l’on veut.

Petit à petit les montagnes déplumées sortent de derrière les bois.

Demain elles seront à nouveau recouvertes de neige et nous n’aurons plus sous les yeux ces paysages qui commençaient à ressembler à des zèbres égarés.

Halte devant une magnifique maison qui surplombe la vallée.



Nous y apprenons que le propriétaire est un rêveur utopique qui laisse ouvert pour les randonneurs de passage.

Il écrit un mot en disant que nous pouvons y manger en laissant propre derrière soi.

Et si l’envie de piquer un petit somme nous tente nous devons le prévenir par téléphone.

Respect Moutain est t’il inscrit sur les autocollants.

Nous continuons sur la piste qui en fait a disparu, mangée par la montagne qui s’écroule.

C’est sans compter l’envie d’aller jusqu’à une ultime cabane en bois sur la crête en surplomb de la forêt du Labouret.

Un petit sentier, nous rampons un peu sous des arbres et arrivons dans un grand pré que surplombe cette cabane.

Dans ce pré à l’herbe brûlée par la neige absente sont disséminés les restes éparpillés d’un mouton.

Il est temps de rentrer.

Au village nous passons devant la place des retraités et justement en voici un.

“Salut" dit il.

“Salut" répondons nous.

“Fait frais".

“Ça va encore ".

“ Y va tomber neige " rajoute t’il en regardant le ciel.

Nous partons.

Vendredi 27 janvier 2012.