Autant être franc.
Aujourd’hui on ne souhaite voir personne.
Alors on prendra la direction d’un hameau dans la haute vallée de la Bléone, sur le chemin de l’Estrop.
En bord de rivière on est intrigué par des silhouettes taillées dans du bois.
Une tête grimace dans un tronc fraichement travaillé, ce n’est ni un saint ni un diable et on se gardera d’en connaître l’origine, laissant cette figurine et son mystère hanter cette journée.
Après avoir laissé sa voiture en un lieu coutumier on grimpera vers le lac des Eaux Chaudes.
Le dernier souvenir de ce lac remonte à l’été, lorsque sa couleur verte tranche avec d’inattendus poissons rouges.
Aujourd’hui on pourra un instant se prendre pour le Christ et marcher sur l’eau du lac qui est devenue bloc de glace.
Vu d’en haut c’est une patinoire avec des sapins pour public.
Le chemin grimpe doucement dans des éboulis d’avalanches, les arbres couchés finissant de mourir lentement.
Pêle-mêle on va assister à la disparition de la rivière, et au spectacle de la montagne qui se démonte avec fracas.
Les impacts de roches et de glace sur le sol et les arbres nous incitent à ne pas lambiner dans ce piège silencieux.
Au hameau, devant les maisons qui attendent le printemps, sont accrochées les traditionnelles têtes de mouflons séchées.
On se prend à imaginer un monde où des crânes humains seraient pendus devant la maison des mouflons.
Pour finir, au retour, on va chercher et trouver les traces d’un repas de loup.
Ce loup dont tout le monde parle mais qui jamais ne se montre, sauf en photo dans le journal, car découvert mort il y a trois mois, victime d’une mauvaise chute.
Jeudi 19 janvier 2012.