Pas d'Archail-FROID NOIR ( chronique d'un arrière monde)

J’aime marcher seul.

Mais quelquefois il y a des inconvénients.

Lorsque par exemple nous décidons par ce froid matin de grimper le pas d’Archail.

C’est une modeste barre rocheuse à 1700m d’altitude mais qui a le désavantage de rester à l’ombre sous une hêtraie magnifique une bonne partie de la journée.

La montée se fait non sans avoir au départ jeté un œil à ce cabanon étrange qui abrite une vierge Marie, et des saints emmitouflés dans des couvertures comme s’ils allaient disparaître au plus profond d’un lac sombre, les pieds lestés d’une croix de bronze.

Étrange donc.

Le chemin est glacé, dans tous les sens du terme.

Au fur et à mesure de la grimpée nous regrettons l’absence d’une paire de crampons qui au moins nous aurait rassurés.

Le silence est magnifique et le froid nous torture les extrémités.

Un peu avant l’arrivée, dans le bois sombre et glissant, la raison l’emporte sur la volonté de continuer.

Le retour risque d’être acrobatique et à regrets nous rebroussons chemin non sans plusieurs fois goûter le grand écart sur le sentier.

J’aime marcher seul mais quelquefois j’aimerai pouvoir partager ces peurs.

Lundi 16 janvier 2012.

Actualisé le 18 janvier : la nuit suivante je fis ce rêve saugrenu où je me changeais en statue de pierre et retrouvais ma tête incrustée dans un autel sur un bord de chemin alpin.