C’est le redoux et la neige tombée dans la semaine est soit verglacée dans l’ombre soit disparue dans la lumière.
La grimpée vers le hameau du Château se fait péniblement.
Petite halte au cimetière.
On contemple en silence la photo de l’enfant mort sur la tombe.
Et on repense à l’époque où photographier les morts était aussi important que photographier les vivants.
On reprend le rythme de notre montée.
Sur le chemin on rencontre deux ânes, un chien qui a peur et un homme qui range des poireaux.
La redescente dans la petite vallée vers la montagne de La Chine se fait par un sentier sinueux, accompagné par un troupeau de mouflons.
Puis on s’enfonce dans l’ombre et dans la neige molle, jusqu’à l’endroit où il faut traverser la rivière pour continuer plus haut.
L’envie de marcher vient soudain de disparaître avec le soleil.
On repart sur nos pas jusqu’au village de départ en ayant accompli une modeste boucle assez fatigante.
Un vieux monsieur promène une vieille dame.
Ils restent un instant au milieu de la route, pétrifiés comme la glace qui enveloppe le bas de la montagne.
C’est l’époque où les gens qui se croisent et qui se connaissent se souhaitent un bon hiver.
23 décembre 2011.