Barles-le village-FROID NOIR ( chronique d'un arrière monde)

Il commence à découper délicatement le croupion du bestiau.

Puis la lame s’enfonce dans le ventre en mettant à l’air les tripes, la vessie remplie de pisse, puis la prostate.

“Tiens regarde c’est un peu comme la tienne“ il me dit en tendant un gros morceau de chair qu’il cisaille pour en extraire une pâte blanchâtre.

“Du sperme, j’espère qu’il a tiré son coup avant qu’on le tue “.

Il y a une odeur de sang chaud et de merde.

“Il“ c’est un sanglier de 95 kg, qui est maintenant tout nu, “ bien rasé de frais, pas comme nous “, pendu à un treuil de fortune, le ventre ouvert et la tripaille qui s’en va nourrir les truites dans la rivière voisine.

“Tu montes au château ? Va plutôt en face, tu verras les deux vallées et il y a aussi des chamois “.

“ Merci du conseil et pour le coup à boire “.

“ Pas de quoi au retour viens prendre un morceau de sanglier “.

La piste s’élève doucement puis d’une pente raide approche le premier promontoire.

Devant nous la montagne de La Chine s’éclipse au soleil couchant.

Il est 15 heures et la vallée se plonge dans le noir.

Le vent s’est rafraichit en passant sur la neige et on grimpe maintenant au milieu des mélèzes en perdant de vue le sentier.

Deux chamois déboulent et montrent le bon chemin.

Le sentier disparaît.

On passe la “ cabane d’Astérix“.

Sur un rocher est gravé

COURAGE

MON ÂME

L’ÉTERNITÉ

APPROCHE

Une fois le sommet atteint on se dit qu’il ne faut pas trainer.

Redescendre au plus vite pour se rassurer.

Dimanche 18 décembre 2011