Avant propos-FROID NOIR ( chronique d'un arrière monde)

J’aime marcher seul.

C’est aussi différent de la marche avec un ami que, disons, le lever de rochers peut différer de celui des haltères. On pense à de toutes autres choses. Votre propre rythme, le rythme même du jour, ne sont plus semblables. Marcher seul me donne le sentiment d’être « ailleurs », comme détaché. Et j’apprécie particulièrement la façon dont une belle journée s’étire en longueur quand on en dispose pour soi seul. On peut gravir la pente la plus raide à son propre rythme. On peut escalader la montagne en suivant des chemins de traverse, au gré de sa fantaisie, en s’arrêtant pour observer un détail, ou rien du tout, libre aussi d’envisager les idées les plus saugrenues, les plus ridicules, pour s’apercevoir, arrivé au sommet, que ces idées étaient moins décousues qu’elles ne paraissent, et que, rassemblées, elles constituent un nouveau point de vue, une véritable découverte.

Rick BASS dans Sur la piste des derniers grizzlis.